Tuesday, 7 June 2016

Une autre journée de visite

Bonjour à tous!

Nous avons passés la journée à Harare avec notre guide touristique et par ailleurs ami de la famille qui connait la ville comme sa poche.

A l'heure actuelle sévi une crise monétaire importante dans le pays qui fait craindre une récession pire qu'en 2007 quand Michelle était au Zimbabwe. Les banques ferment leurs guichets automatiques et les montants d'argent que l'on peut retirer diminuent de semaine en semaine. Au moment où j'écris ses quelques lignes le retrait maximum est de $100 par jour et par quand l’on peut trouver une banque ayant des liquidités et des files d'attentes de 2-3 heures apparaissent au gré des rumeurs qui annoncent que tel ou tel guichets on des fonds. Le gouvernement vient d'annoncer le lancement de "bonds" pour le mois d'août afin de pallier au manque de liquidités ce qui rend la situation encore plus tendue puisque beaucoup pensent que cela précipitera le pays dans une récession majeur et durable. Au plus fort de la crise en 2008 nos collègues et amis de l'hôpital de Karanda se relayaient pour aller en Zambie ou Afrique du Sud pour acheter le strict nécessaire.

La situation économique actuelle nous a de nouveau rattrapée lors d’une courte visite dans un centre commercial à la recherche d’un maillot de l’équipe nationale de football. Une bonne moitié des magasins sont fermés ou vacant et c’est d’un centre commercial bien triste que je suis ressorti sans maillot!

A l'aube de notre départ il semble que le futur proche soit très incertain.

Nyasha (notre guide) nous a fait passer d'un extrême à un autre en quelques heures. En premier nous avons visité le (très grand) quartier riche de la capitale. Michelle et moi avons été surpris de la richesse très apparente, la taille des maisons, les priorités sécurisées comme l'on en voit aux Etats-Unis et un centre d'achat construit pour cette clientèle unique. Nous avons visités celui-ci et nous sommes retrouvés entourés en grande majorité de "blancs" : Sentiment étrange après plus d’un mois passés à faire partie d'une très petite minorité. Pour référence les blancs représentent 0.3% de la population zimbabwéenne en 2015. Nous étions donc dans une sorte de ghetto!

D'un extrême à un autre nous nous sommes ensuite rendu dans le sud de la ville et sa banlieue défavorisée. Ici pas de ZEP, ZUP, banlieue prioritaire ou autre abréviation intelligente comme l’on en voit souvent dans les nouvelles en Europe ces temps-ci. Seulement une continuité de maisons, immeubles et un environnement dégradés. Pour la première fois je ne me suis pas senti en contrôle de la situation et Nyasha était visiblement très nerveux à l'idée de nous avoir dans sa voiture et encore plus quand nous nous sommes retrouvés piégés dans les bouchons du bidonville à cause de match de football qui venait de se terminer. Dans un pays au climat racial tendu et à la situation politique précaire ce n'était pas forcément l'idée du jour de visiter cette partie de la ville.  J'ai dû me résoudre à ranger mon appareil photo après plusieurs demandes explicites de Nyasha. Il n'y a eu aucune agressivité physique mais les regards et les mots parfois virulents à mes tentatives de prendre des photos (même dérobées) nous ont fait comprendre que la situation pouvait dégénérer à tout moment.

Nous avons donc fait profil bas pour le reste de la traversée, les enfants avec maman derrière et moi avec Nyasha devant évitant tout regard direct. Un gros mal à l’aise à la sortie du quartier pas à cause de la situation mais de voir tant de pauvreté à seulement quelques encablures d’une richesse exubérante qui amplifie l’écart entre les catégories sociales.

Après discussion Michelle et moi nous sommes dit que la pauvreté des gens à Karanda n’avait pas grand chose à voir avec celle que nous venions de voir. Même si les gens de Karanda semblent très pauvres une grand majorité est en mesure de survivre cultivant un lopin de terre qui leur permettant ainsi de subvenir aux besoins de base de leur famille même si, évidemment, cela ne leur permet pas de sortir de la pauvreté. Nous n’avons pas eu le même sentiment en traversant ce quartier ou les gens vivent dans une pauvreté extrême, dans des conditions difficiles quand 3 à 4 familles partagent un appartement de 2 chambres et des conditions de salubrité qui catégorisent le Zimbabwé comme pays du tiers-monde.

Les quelques photos ci-dessous parlent pour elles mêmes.









Pour finir la journée nous sommes allés visiter la Galerie d’art Nationale d’Hararé. Une visite intéressante pour nous et les enfants qui ont pu se dégourdir les jambes dans le parc du musée. L’idée originale était de les laissant dans un parc adjacent avec Nyasha pendant que moi et Michelle faisions le tour du musée. Les conditions de sécurités dans le parc n’’étaient satisfaisantes et nous sommes finalement allés en famille au musée.  Il y avait d’ailleurs une petite exposition d’art utilisant des déchets recyclés comme de bouteilles de verre, des rubans de cassettes vidéos et toutes sortes d’objets réinventés.


Cette exposition était intéressante puisqu’elle fait un lien intéressant avec ce que j’ai peu observé depuis notre arrivée au Zimbabwé et qui se résume par la capacité à réutiliser et réinventer chaque objet de la vie quotidienne.  Dans cette exposition se trouvait un série de courts documentaires de la BBC, de témoignages d’artistes locaux et internationaux engagés dans la protection de l’environnement. J’ai été intrigué par la vidéo de Prince EA P(lien ci-dessous) que je ne connaissais pas auparavant mais qui – dans le contexte actuel du zimbabwé et de  l’Afrique en générale – est intéressante à regarder.

Je vous laisse la dessus.

1 comment: